Mis en ligne le 28 Septembre 2016
Éditoriaux
Retour

Introduction

La Société française d’Anesthésie-Réanimation (SFAR) souhaite à l’occasion de son congrès annuel qui regroupe environ 5000 participants sur 3 jours évoquer l’impact de cette spécialité sur la santé des français et expliquer les axes médicaux qu’elle développe actuellement.

La SFAR est une société savante qui regroupe près de 3000 médecins anesthésiste-réanimateurs. Elle mène une politique active de soutien et de présentation de la recherche et d’animation de la vie professionnelle au travers d’une dizaine de comités qui totalisent environ 150 participants (comités scientifique – vie professionnelle – analyse et maitrise du risque – référentiels cliniques – éthique – réanimation- anesthésie loco-régionale et douleur – ambulatoire – urgences – IADE – IDE réanimation et urgence…) ainsi que des groupes de travail sur des sujets innovants (écologie & hôpital) .

Chaque année, plus de 11 millions d’anesthésies sont réalisées (un chiffre qui a triplé en trente ans) et 500.000 patients sont hospitalisés en réanimation. L’anesthésie est devenue une procédure qui offre d’excellentes conditions de sécurité, dont le risque est comparable à celui des procédures industrielles les plus sûres (risque de l’ordre de 1/100.000). Toutefois, il persiste une morbidité et une mortalité péri-opératoire qui affectent notamment les patients porteurs de comorbidités (par exemple cardiovasculaires et respiratoires) et les interventions chirurgicales les plus lourdes. Environ 15% des patients rendent compte de 80% de la morbi-mortalité et justifient la mise en œuvre d’une politique de prévention des complications qui s’inscrit dans le cadre d’un « parcours patient » lors d’une hospitalisation en chirurgie. Dans ce cadre le rôle de l’anesthésie débute dès la période préopératoire et consiste à évaluer et préparer les patients à l’intervention.

 

  • Tabagisme péri-opératoire

Parmi les mesures préparatoires à la chirurgie, la SFAR a souhaité inscrire cette année son action dans le cadre de la lutte contre le tabac en mettant en place une politique de soutien à l’arrêt du tabagisme avant l’anesthésie et la chirurgie (« je suis opéré, j’arrête de fumer »). Le tabagisme est en effet un facteur de risque de complications péri opératoires diverses (infection pulmonaire mais aussi cicatrisation défectueuse, etc.) et son interruption diminue l’incidence de ces complications. La SFAR a cette année, actualisé des recommandations aux professionnels de santé, concernant la prise en charge des patients tabagiques avant intervention, qu’elle présente à l’occasion de ce congrès. Son action s’inscrit par ailleurs dans une véritable campagne de lutte contre le tabagisme mis en œuvre par les pouvoirs publics. D’autres mesures accompagnent les opérés au-delà de cette action phare.


  • Réhabilitation accélérée après chirurgie (RAAC)

Les conditions d’hospitalisation des patients opérés sont actuellement bouleversées dans l’optique de raccourcir les durées de séjour à l’hôpital avec pour objectif principal la réduction de la morbidité hospitalière et la réduction des coûts économiques. Cette politique se traduit par le développement de la chirurgie ambulatoire (objectif national de 60% de patients opérés en ambulatoire) mais aussi par la diminution des durées de séjours pour une intervention donnée. Ceci est possible grâce à la mise en œuvre de soins de support (réalimentation précoce, renutrition, déambulation, kinésithérapie etc.), dont les médecins anesthésistes réanimateurs assurent notamment la coordination. Ce processus autrement dénommé Réhabilitation Accélérée Après Chirurgie (RAAC) demande investissement et coopération de la part des équipes soignantes et constitue un véritable objectif d’amélioration de la qualité des soins.

La SFAR qui participe à tous les aspects de l’organisation des soins, a contribué dans ce sens à la genèse d’un document de bonnes pratiques concernant la collaboration des anesthésistes et des chirurgiens autour du patient, édité par la HAS. La SFAR souhaite également souligner l’importance du travail collaboratif en équipes ayant une masse critique suffisante, au sein des établissements de santé, pour faire face à cette nouvelle orientation des soins et en garantir la qualité.

 

  • Réanimation

Les évènements tragiques des derniers mois ont placé les médecins anesthésiste-réanimateurs en face d’un défi représenté par l’afflux massif de victimes auquel ont été confrontées notamment les équipes de Paris et de Nice. La réponse des professionnels d’anesthésie-réanimation a été marquée par l’engagement, la solidarité pour assurer en urgence l’organisation de soins adaptés pour ces cohortes de victimes, en collaboration avec l’ensemble des équipes médico-chirurgicales.

Les anesthésistes – réanimateurs ont bien conscience des enjeux et des risques et se préparent au travers de l’organisation de plans d’urgence à mobiliser les énergies et les compétences pour faire face à ce type d’évènements. Au cours même de ce congrès plusieurs sessions évoquent aussi bien les retours d’expérience que les stratégies adaptées aux soins d’urgences et à l’afflux de victimes.

La réanimation souhaite également apparaître comme un lieu accessible et ouvert. C’est dans ce sens que la SFAR souhaite cette année s’associer à l’opération accès en réanimation 24/24 pour les proches des patients hospitalisés (opération OUVRIR) et par la même montrer que l’humanisation des soins est compatible avec une haute technicité.

Cette opération fait suite à une réflexion entamée depuis plusieurs années concernant la relation avec les proches des patients hospitalisés en réanimation, sur les informations qui leurs sont données, et sur l’accompagnement des patients et des familles, lorsque l’issue s’avère défavorable. Elle est sous tendue par une réflexion éthique menée au sein de la société savante sur l’ensemble des sujets concernant la fin de vie en réanimation et les relations avec les patients et leurs proches.

 

Francis Bonnet

Président de la SFAR