Cher(e)s ami(e)s, cher(e)s collègues,
En ma qualité de Président de la SFAR, permettez-moi de revenir sur le déroulement des évènements qui ont mené la Préfecture de Police de Paris (PPP) à interdire le Congrès de la SFAR 2020.
La situation a été globalement sereine pendant le mois d’août 2020. Ici et là, en France, émanaient des questionnements quant à la tenue d’évènements rassemblant un grand nombre d’individus, mais cette pensée était minoritaire. Étant priés de ne pas voyager en cette période si particulière, nos collègues et amis de l’étranger avaient d’emblée fait savoir qu’ils ne pourraient malheureusement pas se joindre à nous les 24, 25 et 26 septembre 2020. Nous avions d’ailleurs anticipé une baisse du nombre d’inscrits du fait de la crise sanitaire, et avions adapté les modalités tarifaires afin de permettre à toutes et à tous d’attendre le dernier moment pour s’inscrire.
Dans le but d’éviter l’apparition d’un nouveau cluster, la mise en place de mesures sanitaires strictes était prévue lors de notre Congrès. Imposées à des professionnels de santé rompus à ces contraintes, ces précautions avaient toutes les chances d’être efficaces. On sait depuis que le danger provient avant tout des rassemblements de plus petite taille, non contrôlés, et se déroulant souvent dans la sphère privée.
Début septembre, les admissions de patients COVID-19 en réanimation à Marseille ont brutalement augmenté. La situation, qui semblait circonscrite à cette ville, a évolué, avec un scénario identique sur Bordeaux. L’hypothèse selon laquelle certains professionnels d’anesthésie et de réanimation pourraient rencontrer des difficultés à se rendre au Congrès de la SFAR a commencé à se profiler.
Le 08 septembre, nous avons pris l’initiative de soumettre nos mesures sanitaires au centre de crise sanitaire du Ministère de la Santé. Une réponse nous est parvenue le 16 septembre, validant notre protocole. Sur invitation, Monsieur Olivier Véran, Ministre de la Santé, nous a confirmé le 09 septembre, sa présence au Congrès. En parallèle, depuis mi-septembre, nous échangions avec deux conseillers du Ministre de la Santé. Des arguments plaidaient pour le maintien du Congrès. Au-delà de la réponse positive du centre de crise sanitaire ministériel le nombre conséquent d’inscrits au Congrès (2 954 personnes) traduisait une volonté des professionnels de l’anesthésie-réanimation de se retrouver à cette occasion. Notre événement respectait la Loi (nous étions sous la jauge des 5000 personnes, avec des mesures barrières validées par le centre de crise sanitaire ministériel). Formellement, à cette date, rien ne s’opposait à la tenue du Congrès.
L’évolution inquiétante de l’infection à la COVID-19 a motivé la tenue d’un Conseil d’Administration extraordinaire de la SFAR le 18 septembre. L’ordre du jour était consacré à la progression de la COVID-19 et son retentissement sur le maintien du Congrès. Après avoir débattu, notamment à la lumière de la réponse de la PPP, le Conseil d’Administration a voté à une majorité confortable pour le maintien du Congrès. Le jour même, une lettre signée du Ministre de la Santé me parvenait, demandant fermement le report de l’événement en raison d’une mobilisation importante des capacités sanitaires dans une zone de forte circulation virale. Parallèlement des collègues évoquaient, dans les zones à forte circulation virale, une opposition de leurs administrations hospitalières à libérer le personnel médical et paramédical qui souhaitait se rendre au Congrès. Par ailleurs, plusieurs orateurs ont commencé à se désister, et les retours de la plupart des comités témoignaient d’une interrogation réelle de leurs membres. J’ai donc convoqué à nouveau le Conseil d’Administration samedi 19 septembre à l’issue duquel nous avons sollicité en urgence l’avis de la PPP.
Le 21 septembre la PPP nous a fait part de son intention d’interdire le Congrès. Nous avons décidé de partager immédiatement cette information auprès des professionnels de l’anesthésie-réanimation. L’arrêté nous a été notifié le lendemain, soit le 22 septembre.
Nous déplorons cette communication tardive, tant du point de vue organisationnel (programmes opératoires) que personnel (déplacement à Paris). Mais vous l’aurez compris, celle-ci s’est imposée à nous. Au nom de la SFAR, je réitère devant vous mes excuses les plus sincères pour les désagréments que cette annulation contrainte a pu causer.
Nous nous efforçons désormais de trouver des solutions pour éloigner notre Société d’une situation qui met en jeu sa survie. Un terme qui a du sens pour nous, professionnels de l’anesthésie-réanimation, qui savons combien le chemin est semé d’embuches avant de pouvoir se relever !
Comme j’ai eu l’occasion de vous le dire, je compte sur la mobilisation de toutes et tous afin de sortir au plus vite de cette période difficile.
Hervé Bouaziz
Président de la SFAR