Mis en ligne le 10 août 2018
Enquêtes SFAR
Gestion de la sédation-analgésie chez le traumatisé crânien grave : une enquête nationale
Management of sedation in severe traumatic brain injury: a national survey
Maxime Nguyen, Quentin Delgrande, Sebastien Mirek, Nowobilski Nicolas, Abdelouaid Nadji, Bélaïd Bouhemad
From Department of Anaesthesiology and Intensive Care, C.H.U. Dijon, and Université Bourgogne Franche-Comté, Dijon, France;
Corresponding author: Dr Nguyen Service d’Anesthésie Réanimation CHU Dijon and Université Bourgogne Franche-Comté, LNC UMR866, F-21000 Dijon, France, BP 77908, 21709 Dijon Cedex, France
Tel: (33) 3 80 29 35 28
Fax : (33) 3 80 29 35 57
E-mail: maxime.nguyensoenen@gmail.com
M.Nguyen, A.Nadji, B. Bouhemad prepared the manuscript.
S.Mirek and Q. Delgrande collected the data
N.Nowobilski participated in abstracting
Support was provided solely from departmental sources.
None of the authors have any financial interest in the subject matter, materials, or equipment discussed and in competing materials
Résumé
Introduction
Il existe deux indications à la sédation chez le patient traumatisé crânien grave. Tout d’abord, en présence d’hypertension intracrânienne, la sédation est administrée à visée thérapeutique avec pour objectif de diminuer la pression intracrânienne. Ensuite, en l’absence d’hypertension intracrânienne, la sédation est administrée pour assurer le confort et les recommandations usuelles émises pour l’ensemble des patients de réanimation doivent être suivies. Peu de données sont disponibles concernant la gestion des sédations chez le traumatisé crânien grave.
Méthodes
Nous avons réalisé une enquête nationale entre avril et mai 2017. Les réanimations habilitées à prendre en charge les traumatisés crâniens grave ont été identifiées avec l’aide de l’Association des Neuro-anesthésistes et Réanimateurs de Langue Française et de la Société Française d’Anesthésie et de Réanimation. Un questionnaire a été envoyé par mail à l’ensemble des praticiens de ces réanimations.
Résultats
Les pratiques recensées sont hétérogènes. Concernant la sédation initiale, il existe une opposition entre molécules de demi-vies courte et prolongée. Le midazolam est prescrit par 80% des praticiens, et le propofol par 20%. L’analgésie est assurée par opiacés d’administration intraveineuse exclusivement. Le sufentanyl est le plus utilisé (77%). L’utilisation de l’association propofol rémifentanil est associée à la pratique d’un arrêt plus précoce des sédations. Seulement 15% des médecins déclarent ne jamais réaliser de fenêtre de sédation. Chez les patients gardés sédatés, le monitorage de la pression intracrânienne est systématique pour 73% des praticiens. Dans le cadre d’une hypertension intracrânienne persistante, la molécule la plus administrée pour approfondir les sédations est le propofol (44%), devant les barbituriques (26%), la kétamine (17%) et le midazolam (13%). Dans ce contexte, 38% des praticiens monitorent l’approfondissement des sédations. Le sevrage des sédations est envisagé par 28% des médecins avant la 24ème heure et par 17% après la 48ème heure. La stratégie la plus fréquemment adoptée est la baisse progressive associée à un relais de sédation. Dans cette indication, les alpha-2 agonistes et les opiacés sont les molécules les plus utilisées.
Conclusion
Chez le traumatisé crânien grave, la gestion des sédations n’est pas consensuelle. Cela souligne la nécessité de conduire de nouvelles études dans ce domaine afin d’établir de nouvelles recommandations de haut grade qui permettraient l’optimisation de la prise en charge et d’homogénéisation les pratiques.