Près d’une année après le retrait du dextropropoxyphène (DXP) du marché européen et donc du marché français, nous avons mené une enquête auprès des membres de la Société française d’anesthésie et de réanimation (Sfar) et de la Société française d’étude et de traitement de la douleur (SFETD) concernant les conséquences de ce retrait. Le DXP était un des médicaments les plus prescrits en France.
Les indications pour lesquelles cet analgésique de palier II de l’OMS était habituellement prescrit, l’opinion des prescripteurs après le retrait de cet antalgique très populaire et le choix des analgésiques de substitution étaient les trois principales questions posées aux médecins interrogés.
Le DXP était prescrit par plus de 75% des 430 anesthésistes et 230 spécialistes de la douleur interrogés, principalement pour les douleurs aiguës et/ou chroniques non cancéreuses d’intensité modérée. Alors que les deux tiers des spécialistes de la douleur étaient mécontents du retrait du DXP, cette décision n’a pas affecté la majorité des anesthésistes. Pour les deux groupes interrogés, le tramadol associé au paracétamol, voire la codéine associée également au paracétamol étaient les principaux antalgiques de substitution. En revanche, seuls 24% des prescripteurs considéraient que le paracétamol pouvait se substituer seul au retrait du DXP.
Les auteurs de cette enquête concluent qu’il serait indispensable de suivre sur le plan national une cohorte de patients traités initialement par des médicaments contenant du DXP, afin d’analyser les décisions prises concernant les médicaments de substitution et leur efficacité.
Pr Frédéric AUBRUN