Mis en ligne le 12 décembre 2018
Enquêtes
Pierre HABRIAL, Sigismond LASOCKI
Département Anesthésie – Réanimation CHU Angers
INTRODUCTION
En ORL, la panendoscopie est une intervention fréquente pouvant être réalisée par différentes techniques anesthésiques présentant chacune ses avantages et inconvénients. Aucune recommandation n’existe à l’heure actuelle. Le but de cette étude est de réaliser un état des lieux des pratiques en France.
METHODES
Un sondage fut envoyé entre le 29 mai et le 29 août 2018 à tous les membres de la Société Française d’Anesthésie-Réanimation (SFAR) qu’il soit interne (junior ou sénior (> 5 semestres de validés)) ou médecin (junior ou sénior (exerçant depuis > 2 ans)), par mail. Il comportait des questions à choix unique ou multiple sur le type de structure de santé, le pourcentage d’activité en ORL, le type de technique anesthésique et la justification. Les répondants ont été séparés en 2 groupes selon leur taux d’exercice en ORL avec un groupe ORL défini par une activité d’au moins 50 % en ORL.
RÉSULTATS
Sur les 3930 membres de la SFAR en 2018, 662 (16,8 %) y ont répondu avec plus de 200 villes représentées. Une majorité (65 %) exerçait dans une structure publique, et 82 % des répondants étaient des médecins séniors (exerçant depuis plus de 2 ans).
Le groupe ORL, comportant 97 répondants (15 %), est majoritairement composé de MAR exerçant en secteur public (90 % vs 61 %, p < 0,0001), la répartition médicale (médecin/interne, junior/sénior) est en revanche identique.
Les 2 principales techniques utilisées par les répondants pour l’anesthésie des panendoscopies sont l’intubation orotrachéale (62 %) et l’anesthésie générale en ventilation spontanée (VS) sans intubation par voie intra-veineuse (AIVOC) (37 %).
Pour ce qui est de l’AG en VS, 46 % des MAR d’ORL l’utilisent pour plus de ¾ des panendoscopies contre 35 % pour les MAR Non ORL, (p = 0,035). Le premier avantage attribué à cette technique est le confort chirurgical (53 vs 43 %), suivi par le maintien de la VS chez des patients avec antécédents d’intubation difficile (32 % dans les 2 groupes) sans différence significative. Les risques évoqués sont une désaturation (44 vs 53 %), une absence de protection des VAS (42 vs 39 %) sans différence significative. A noter que le groupe ORL juge le risque de spasme à hauteur de 27 % contre 38 % pour le groupe Non ORL, (p = 0,038). Les principaux facteurs de risque d’échec rapportés sont l’obésité (76 vs 81 %), la BPCO (53 vs 52 %) sans différence entre les groupes. La présence de plus de 2 critères de ventilation difficile est un facteur de risque pour 29 % des répondants du groupe ORL contre 40 % pour les non-ORL, (p = 0,0342).
CONCLUSION
En France en 2018, Les répondant déclarent faire la majorité des panendoscopies sous AG avec intubation oro-trachéale. Néanmoins, la ventilation spontanée sans intubation a une place importante, notamment pour les MAR travaillant en ORL, probablement au vu de l’intérêt chirurgical qu’elle procure. Certains MAR sont rétissant à l’utiliser devant des risques qui lui sont attribués, certains probablement surestimés (la désaturation), d’autres sous-évalués (l’antécédent d’intubation difficile). Une étude prospective observationnelle de grande ampleur permettrait de mieux les authentifier.