Le Dr Georges Boussignac nous a quitté le 21 mai dernier, à l’âge 76 ans. La Société Française d’Anesthésie et de Réanimation s’associe à la douleur de ses proches et par ce bref éditorial a tenu à lui rendre hommage.

Georges Boussignac était anesthésiste-réanimateur, sa vie et son parcours professionnel pourraient inspirer un roman d’aventures des plus palpitants. Réfugié politique d’origine croate, il quitte son pays d’origine pour la France en 1965. Dans une intervention au congrès de la SFMU en 2018, il retrace sa vie avec humour et humilité, qualités intrinsèques et naturelles du personnage.

Il est successivement SDF à Paris après être arrivé gare de l’Est, puis plombier, électricien, et enfin garçon de salle à l’hôpital Saint Antoine où il fera la rencontre du Pr Caroli qui le repère et l’incite à reprendre ses études de médecine débutées en Croatie. Il travaille la nuit pour pouvoir suivre les cours en auditeur libre à la faculté de médecine de Paris, puis se spécialise en anesthésie-réanimation et travaille avec le Pr Pierre Huguenard à l’hôpital Henri Mondor (Créteil). Sa vie a été guidée par une succession de hasards, avec un premier évènement marquant : le crash d’un avion de ligne en approche de l’aéroport d’Orly le 11 juillet 1973. Un Boeing 707 de la compagnie brésilienne Varig fait un atterrissage forcé près de Saulx-les-Chartreux, faisant 123 victimes mais quelques rescapés sont conduits à l’hôpital Henri Mondor. Ceux-ci étaient en détresse respiratoire secondaire à une inhalation de fumées. Ils ont été sauvés, en évitant l’intubation trachéale, grâce à la première CPAP « bricolée » avec un casque fait d’un sac plastique transparent étanche, relié à une chambre à air de vélo d’enfants, administrant d’un côté un débit continu à 65 l/min d’oxygène et évacuant de l’autre ce flux gazeux dans un bocal d’eau entrainant une pression positive obtenue par l’intermédiaire de ce tuyau immergé. Cet exemple parmi tant d’autres montre le caractère ingénieux de Georges Boussignac, ne laissant jamais lettre morte un concept de physiopathologie. Il mettait son génie créatif à la disposition des autres et allait toujours au bout de sa démarche quoiqu’il en coûte, l’amélioration du soin étant toujours son objectif.

Au cours de ces dernières semaines, Georges Boussignac est venu en aide aux patients atteints du COVID, convaincu à juste titre, que sa CPAP permettrait de traiter les patients en insuffisance respiratoire et éviter, dans de très nombreux cas, leur intubation.

Parmi les traits de caractère que l’on peut rapporter en vrac il y a l’indépendance intellectuelle, la ténacité, l’humilité, la capacité à écouter mais aussi parfois cette faculté de ne pas entendre à l’image du professeur Tournesol, et l’humour candide.

Enfin, il disait qu’il fallait oser être soi, il a montré et démontré qu’il avait osé être lui !

Mille mercis Georges pour les soins que vous avez prodigués aux patients grâce à votre élan dynamique et créatif.

La Société Française d’Anesthésie-Réanimation

boussignac