Mesdames, Messieurs,
Chers confrères,

Les équipes médicales de l’APHP ont signalé le 22 mars la survenue de cas groupés de syndromes hémorragiques graves associés à une atteinte hépatique et à une thrombopénie chez des patients de retour du Mali, et dialysés à Bamako.

Il s’agit de 3 patients, tous adultes (quadragénaire, sexagénaire et octogénaire), résidant habituellement en France et suivis en région parisienne pour dialyse chronique sur insuffisance rénale terminale.

Ces patients se sont rendus au Mali, et y ont été dialysé, tous dans le même centre de Bamako entre novembre 2023 et mars 2024. Les 3 patients ont présenté des signes digestifs, une thrombopénie, une élévation des transaminases d’apparition subaiguë puis un syndrome hémorragique réfractaire ayant rapidement conduit au décès. Les trois patients avaient séjourné plusieurs semaines sur place. Un 4e patient, résidant habituellement en France, qui a également été dialysé dans ce même centre, serait décédé avant son retour en France. Un 5e patient, résidant en France, qui a également été dialysé dans ce même centre, est actuellement suivi pour une thrombopénie et une hypotension inexpliquées.

Des investigations microbiologiques ont été réalisées et permettent d’écarter des hypothèses infectieuses classiques (dengue, paludisme, hépatites virales, etc.) et moins fréquentes (autres arboviroses et fièvres hémorragiques virales). Des analyses toxicologiques ont également permis d’écarter les métaux lourds, les organophosphorés, les médicaments, les drogues récréatives ou autre phytothérapie, etc. D’autres investigations, dont d’autres pistes d’intoxications ou intoxination, sont en cours sans pouvoir confirmer aucune piste à ce jour. La principale hypothèse est celle d’une atteinte cyanotoxinique en lien avec l’eau utilisée dans les bains de dialyse.

A ce stade, aucun élément ne suggère une transmission interhumaine.

Dans l’attente du diagnostic étiologique, les investigations se poursuivent auprès des équipes de soins au Mali et en France pour identifier l’origine de ce cluster.

Afin de déterminer l’ampleur du phénomène et d’en identifier sa cause, il est demandé aux soignants de signaler tout patient pris en charge en France qui pourrait présenter des signes clinique ou biologique après exposition comparable sur la base de la définition de cas temporaire suivante, établie à partir des éléments disponibles à date :
Tout patient pris en charge en France :

  • Et ayant été dialysé à Bamako (Mali) depuis le 15/11/2023
  • Avec un syndrome hémorragique d’évolution aigue ou subaiguë, des troubles digestifs, un ictère et sur le plan biologique une augmentation des transaminases, de la bilirubine associée à une thrombopénie.

Le médecin diagnostiquant un cas répondant à la définition doit en premier lieu en informer l’ARS. Il pourra également se rapprocher des médecins ayant pris en charge des patients décédés à l’hôpital Bichat, par mail aux adresses suivantes : lila.bouadma@aphp.fr, morgane.mailhe@aphp.fr, hafedh.fessi@auraparis.orgxavier.lescure@aphp.fr.

Vous pouvez contacter aussi ces collègues si des personnes ont été dialysées à Bamako dans une période récente (1 mois) même si les patients sont asymptomatiques et qu’ils ne présentent pas d’anomalie biologique inexpliquée.

De plus, l’origine de ces décès n’ayant pas encore été identifiée, et du fait de la létalité très élevée observée à ce jour, nous demandons aux dialyseurs d’informer leurs patients des risques potentiels en cas de dialyse réalisée au Mali, et leur conseiller, si possible, de reporter leur voyage au Mali pour le moment.

Vous souhaitant bonne réception de cette information,

Bien cordialement,

Dr Grégory EMERY

Directeur général de la santé

Ministère du Travail, de la Santé et des Solidarités
14, avenue Duquesne – 75007 Paris