Communiqué de la SFAR. 6 décembre 2021.
Dans le contexte de vagues épidémiques de la pandémie au SARS-CoV2, la Société Française d’Anesthésie-Réanimation souhaite rappeler l’attention particulière qui doit être portée aux patients hospitalisés en réanimation et unité de soins continus, ainsi qu’à leurs proches.
Durant les premiers mois de la pandémie, des restrictions des visites ont pu avoir lieu, alors que les modalités de transmission de la maladie étaient mal identifiées et que les matériels de protection faisaient parfois défaut. Notre éthique professionnelle a été mise à l’épreuve. Ces expériences de rupture du lien relationnel ont généré des difficultés pour les patients, leurs proches, et les soignants, avec l’apparition de nombreux symptômes d’anxiété, de dépression, de stress post-traumatique, et de deuils complexes pour certains proches. Ces restrictions ont finalement remis en lumière la place centrale des proches en soins critiques, place bien connue et étudiée dans la littérature scientifique.
La présence des proches en réanimation est nécessaire, en particulier pour que s’établisse la confiance indispensable au soin. Ils peuvent eux-mêmes prendre soin du patient vulnérable dans ce parcours si difficile qu’est la réanimation. Ils l’accompagnent dans la réhabilitation, la guérison, le handicap ou la fin de la vie. Fruit d’un échange transparent avec l’équipe soignante, ils sont des vecteurs d’information qui participent à l’adaptation de la prise en charge médicale et psychologique. Ainsi, ils rapportent les volontés des patients hors d’état de les exprimer et s’impliquent dans les processus décisionnels complexes, particulièrement dans les situations de limitation ou d’arrêt des traitements. Témoins d’une histoire commune, d’une culture et d’une identité particulière, ils permettent d’humaniser le soin en y incluant une dimension sociale, culturelle, voire spirituelle.
Quelles que soient les conditions particulières dans lesquelles s’exerce le soin, la présence des proches est possible et doit être encouragée au niveau institutionnel. Si elles ne peuvent pas toujours pas se tenir au rythme habituel ou pour tous les proches du patient, des stratégies organisationnelles, clairement formalisées au niveau local et adaptées en permanence à la situation sanitaire et à l’état du patient, permettent désormais de garantir ce droit de visite dans les unités de soins critiques et de ne plus rompre les liens entre le patient, ses proches et les soignants. De la même manière, les associations dont le but vise à améliorer le vécu du séjour hospitalier doivent poursuivre leurs activités. Avec des mesures de protection adaptée, les proches ne sont pas un danger mais au contraire un potentiel. Parce que les relations humaines sont au cœur du soin, garantissons aujourd’hui et demain une place adaptée et juste aux proches des patients de soins critiques.
Proposé par M Ledorze (Comité Ethique) & Vincent Degos (Comité REA), relu par Fabrice Michel et PF Perrigault pour le Comité Ethique et Claire Dahyot-Fizelier pour le Comité REA pour la SFAR