Mis en ligne le 04 Décembre 2013 et modifié le 06 Décembre 2013
Archive : Éditoriaux
Pourquoi la SFAR s’oppose-t-elle au DES de Réanimation ? Quel avenir et quelle vision de la médecine aiguë défendons nous ?
Comme les autres spécialités médicales et chirurgicales qui ont accès au DESc de Réanimation, l’Anesthésie-Réanimation s’oppose à la création d’un DES de Réanimation,
Parce que nous défendons une vision Européenne et multidisciplinaire de la Réanimation
A ce jour, 20 pays sur 28 ont la même vision que nous et seuls deux, l’Espagne et le Royaume uni, ont une spécialité indépendante de Réanimation.
L’europe ne demande pas une sanctuarisation de la Réanimation, au contraire, elle encourage le reconnaissance d’une définition commune des compétences en Réanimation (programme « Competence-Based Training in Intensive Care Education », CoBaTrICE proposé par l’European Board of Intensive Care Medicine) dans le cadre d’un « Common Training Framework » (CTF) permettant une reconnaissance automatique de ces compétences.
Cette réflexion européenne favorise et renforce la vision éclectique de la Réanimation. Le Common Training Framework concerne 10 Spécialités : Neurologie, Neurochirurgie, Cardiologie, Chirurgie Cardiaque, Pneumologie, Médecine Interne, Chirurgie Générale, Pédiatrie, Médecine d’urgence, Anesthésie-Réanimation.
Parce que la Réanimation fait partie intégrante de notre spécialité
Intrinsèquement la Réanimation fait partie de notre spécialité. Depuis 2002 la formation initiale comporte au moins 4 semestres de Réanimation. Depuis 2012 cet enseignement est basé sur le « Competence-Based Training in Intensive Care Education ». Cet enseignement est d’ailleurs commun avec le DESc de Réanimation médicale dans plusieurs interrégions.
L’Anesthésie est indissociable de la Réanimation, que ce soit sur le plan universitaire (publications de très haut niveau émanant des membres de la SFAR) comme en pratique clinique avec notamment la continuité des soins dans de nombreux hopitaux, qui ne pourraient survivre sans cette valence.
Les problèmes démographiques de notre spécialité, souvent mis en avant, sont résolus. En fin de cursus, 25 à 30% des DESAR s’orientent vers une activité exclusive, ou presque, de la Réanimation. Le nombre de DESAR sortants suffit amplement à assurer le maintien des structures de soin que demande la SRLF.
· Novembre 2010 : entrée de 350 DESAR, soit en 2015 : 88
· Novembre 2011 : entrée de 380 DESAR, soit en 2016 : 95
· Novembre 2012 : entrée de 410 DESAR, soit en 2017 : 102
· Novembre 2013 : entrée de 419 DESAR, soit en 2018 : 105
Parce que rien n’oblige à cloisonner la Réanimation
Parquer la Réanimation dans un DES, ce serait mettre en danger l’accès aux réanimations pour la formation du plus grand nombre, appauvrir le pluralisme qui a toujours fait sa force.
Dans quel but ? Maintenir une qualification ordinale qui n’intéresse presque personne (la plupart des réanimateurs médicaux sont inscrits au CNOM sous leur spécialité d’origine).
Alors Oui, nous voulons une Réanimation forte et multidisciplinaire et Non, la création d’un DES de Réanimation n’est pas indispensable.
Ce serait une vision étroite et manichéenne de la spécialité.
Travaillons ensemble, côte à côte, pour une Réanimation européenne de pointe.