Mis en ligne le 8 janvier 2013
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Une réévaluation des médicaments contenant du diclofénac a été initiée, afin de préciser leur sécurité d’emploi sur le plan cardiovasculaire. Le diclofénac se situe au deuxième rang des prescriptions d’AINS en France.
Au delà du seul diclofénac, lors d’un traitement chronique par AINS-T (traditionnels) ou par ISCOX-2 (inhibiteurs de l’isoenzyme COX2), de nombreuses études (1) et méta analyses (2) ont rapporté une augmentation du risque thrombotique. Il est important de rappeler que le risque thrombotique existe avec les AINS-T et les ISCOX-2. Ce risque lié à l’inhibition de COX-2 est dose dépendant et retrouvé de façon équivalente pour tous les AINS. En effet, les AINS-T n’inhibent pas moins la COX-2 que les ISCOX-2. Cependant tous les AINS ne sont pas équivalents. Ainsi, le risque d’infarctus du myocarde est le plus élevé avec le rofécoxib ; le diclofénac est associé à un risque ratio de 2,86 (IC 95% : 1,09-8,36) pour les AVC ; seul le naproxène ne semble pas associé à une augmentation du risque (3). Ce risque cardiovasculaire associé aux AINS est particulièrement significatif chez les patients ayant des antécédents d’infarctus du myocarde : les ISCOX-2 quelle que soit la dose et les AINS-T augmentent la mortalité chez ces patients à risque (4), y compris lors d’un traitement de courte durée (< 7 jours) (5), y compris chez les patients ayant un antécédent d’infarctus ancien (> 5 ans) (6). En périopératoire, les ISCOX-2 sont également associés à une augmentation du risque cardio- vasculaire (7). Par contre, nous ne disposons pas de données concernant les AINS-T et notamment le kétoprofène.
Par ailleurs, les AINS augmentent la pression artérielle et aggravent l’insuffisance cardiaque. La prise d’AINS (y compris d’ISCOX-2) au long cours est associée à un risque jusqu’à deux fois plus élevé d’hospitalisation pour insuffisance cardiaque chez les patients âgés (8).
La réévaluation de l’EMA (www.ema.europa.eu) va prendre en compte l’ensemble des spécialités contenant du diclofénac à usage systémique (c’est-à-dire les formes orales ou injectables) et va évaluer l’impact des dernières données sur le rapport bénéfice-risque. L’autorité sanitaire danoise en charge du médicament est responsable de cette évaluation.
Au final, dans l’attente des conclusions de cette réévaluation, il semble raisonnable d’ajouter à la liste des contre-indications aux AINS les patients avec une pathologie cardio-vasculaire et/ou athérothrombotique avérée.
Références