Philippe nous a quittés en ce début d’année au terme de ce qu’il est convenu d’appeler une longue et douloureuse maladie. Philippe nous a quittés avec la dignité et la discrétion qui étaient la sienne.
Né au Congo Brazzaville, membre de l’élite princière de l’ethnie Vili, lui et sa famille avaient connu les soubresauts et les péripéties d’une jeune république à peine sortie de la décolonisation. Les opportunités de l’époque l’avaient conduit dans les années 70 à étudier la médecine à Kharkiv en Ukraine, avant de rejoindre Paris, à Lariboisière, à Boucicault puis Saint Louis pour le cursus d’Anesthésie-Réanimation. Sa carrière d’Anesthésiste-Réanimateur se déroula à Nantes à la Clinique Mutualiste, puis à la Clinique Bretéché puis au Centre anticancéreux et finalement, en cumul emploi-retraite, à l’Hôpital de Challans. Son esprit ouvert et curieux, l’avait mené très tôt sur les chemins de l’informatique et de ce que l’on n’appelait pas encore les nouvelles technologies. Dans l’idée de partager sa passion et ses compétences, il a participé à la création de la SFIMAR (Société Francophone pour l’Informatique et le Monitorage en Anesthésie-réanimation), qu’il présida pendant longtemps. Sa connaissance viscérale de l’Afrique subsaharienne le mena tout naturellement à rejoindre le Comité Solidarité scientifique de la SFAR qu’il présidera par la suite. Son implication au sein de la SARAF, de la WFSA, de l’OMS, les nombreuses missions qu’il réalisa sur le terrain firent de lui l’émissaire naturel et infatigable de la francophonie dans le monde de l’Anesthésie-Réanimation et au-delà. Il était le trait d’union entre la médecine des pays riches, occidentale et celle des pays à ressource limitée, essayant sans relâche de les rapprocher. Parfois, il s’agaçait de ne pas être assez suivi à son goût. Philippe était connu de tous au sein de la francophonie, et il connaissait tout le monde. Durant des années il a œuvré pour une digne représentativité de tous les pays francophones, de la médecine francophone, au sein des institutions internationales. Philippe était la francophonie.
Aragon disait qu’« avoir été peut-être utile est un rêve modeste et fou » ; en cette année 2025 où nous lançons enfin la Fédération Francophone des sociétés d’Anesthésie-Réanimation, nous savons à quel point Philippe aura été un homme utile et à quel point son héritage nous sera utile encore longtemps.
A son épouse, à son fils, à sa famille, nous présentons au nom de la SFAR et de la Spécialité toute entière nos sincères condoléances.
Au revoir Philippe, tu nous manques déjà.
Marc Gentili, Valérie Billard, JM Constantin pour le CA de la SFAR.