Le CVP-ST souhaite mettre en avant deux articles sur l’épuisement professionnel parus en ce début d’année 2023 :

  • L’étude REPAR de Berger et al. se penche sur l’évolution du syndrome d’épuisement professionnel durant ces dernières années chez les anesthésistes-réanimateurs, 10 ans après l’étude SESMAT qui avait mesuré l’incidence du Burnout chez les praticiens du secteur public1. Utilisant la même échelle (Copenhagen Burnout Inventory), cette étude observationnelle vise à mesurer l’incidence de l’épuisement professionnel chez les anesthésistes-réanimateurs en France et à en rechercher les facteurs associés. L’enquête a été réalisée en 2018, avant la crise sanitaire liée au coronavirus. Parmi les 1500 questionnaires analysés, un quart des répondants souffrait de burnout, et près d’un sur dix déclarait des symptômes dépressifs. Plus d’un tiers envisageait de changer d’activité ou d’arrêter les études. L’incidence du Burnout restait inchangée depuis l’étude SESMAT. Les facteurs associés à l’épuisement identifiés en analyse multivariée étaient, entre autres, un score de dépression élevé, une insatisfaction au travail, la consommation de psychotropes, le divorce, les conflits avec les chirurgiens, le genre féminin, le fait de ne pas avoir de pause déjeuner, le fait de ne pas avoir assez de temps libre. En annexe de l’article sont accessibles les données sur les relations interprofessionnelles, l’évaluation des conditions de travail, ainsi que la comparaison des résultats selon le genre ou les modalités d’exercice public/privé. L’article fait par ailleurs une synthèse des axes de prévention individuels et organisationnels identifiés dans la littérature.
  • L’étude de Dres et al. parue dans le JAMA Network open se penche sur la souffrance au travail et explore les challenges et difficultés rencontrés par une population peu étudiée jusqu’alors : les titulaires hospitalo-universitaires en France. Ainsi 2390 PU-PH et MCU-PH ont répondu à un questionnaire portant sur le burnout (Maslach Burnout Inventory) et le Job Strain (questionnaire de Karasek). Les résultats sont sans appel : 40 % des répondants présentaient un score de burnout sévère, 12 % de Job Strain. Le fait d’avoir un score de burnout sévère était associé à une plus grande prise de psychotropes, à envisager plus souvent une démission ou un changement de modalité d’exercice, ou à déconseiller les jeunes collègues à rechercher une titularisation. Plus inquiétant encore, 14 % des répondants déclaraient avoir des idées suicidaires, ce chiffre allant même à 25 % en cas de burnout sévère. Celles-ci étaient indépendamment associées au fait d’avoir une maladie chronique, d’avoir subi du harcèlement, ou de ne pas pouvoir discuter de ses difficultés professionnelles avec ses collègues. »

 1Doppia MA, Estryn-Béhar M, Fry C, Guetarni K, Lieutaud T. Enquête comparative sur le syndrome d’épuisement professionnel chez les anesthésistes réanimateurs et les autres praticiens des hôpitaux publics en France (enquête SESMAT). Ann Fr Anesth Reanim. 2011;30(11):782–94