Mis en ligne le 17 février 2016
Éditoriaux
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Coopération entre anesthésistes-réanimateurs

La qualité du travail en équipe et notamment de la communication entre anesthésistes-réanimateurs et chirurgiens, représente un enjeu majeur pour la sécurité du patient.

En 2014, sous l’impulsion de la Fédération de chirurgie viscérale et digestive l’analyse des événements indésirables liés aux soins, déclarés en 2013 et 2014, a confirmé l’existence de complications post-opératoires liées dans 17 % des cas à un défaut de communication entre anesthésistes-réanimateurs et chirurgiens. Par ailleurs, l’analyse de la littérature scientifique se rapportant à cette thématique, rapporte également cette déficience de communication au sein de l’équipe soignante comme une des causes les plus fréquentes d’événements indésirables graves liés aux soins tandis que la pratique quotidienne nous apprend qu’elle peut être la source de conflits préjudiciables. Ainsi, lors d’affaires médico-judiciaires, le défaut de communication et la non coordination des intervenants auprès du patient présentant une complication durant la période postopératoire, est souvent un élément qui est soit mis en avant par les plaignants soit retrouvé par les experts).

Les Etats Généraux en Anesthésie et Réanimation qui se sont tenus en 2010 avaient déjà souligné l’importance de la médecine péri opératoire afin d’améliorer le risque postopératoire. Le fait que 15% des patients représentent 80% du risque de morbidité et de mortalité et que ce risque se situe maintenant durant la période postopératoire et non en peropératoire avait été souligné. La conséquence logique pour la SFAR était de mettre l’accent sur la médecine péri opératoire et son impact sur le parcours des patients en soulignant la part fondamentale qu’y prenaient les médecins anesthésiste-réanimateurs. Cette implication s’est trouvée encore plus renforcée sur des sujets tels que la prise en charge ambulatoire et/ou la réhabilitation postopératoire, sujets qui impliquent une intervention partagée des chirurgiens et des anesthésistes réanimateurs. Dans un environnement professionnel où la coopération entre les différents acteurs de santé et l’organisation des soins ont été démontrées comme ayant une influence majeure sur la qualité des soins, il devenait impératif de redéfinir les termes de la coopération entre anesthésistes-réanimateurs et chirurgiens. Voir les  États Généraux de l’Anesthésie-Réanimation (EGAR)Coopération entre anesthésistes-réanimateurs

L’objectif de l’HAS en collaboration notamment avec la Fédération de chirurgie viscérale et digestive, la SFAR et l’OA-CFAR, a donc été de construire un outil de nature à améliorer l’organisation et la sécurité de la prise en charge péri-opératoire en clarifiant les rôles et responsabilités de chacun dans une relation interactive et opérante. Un texte qui encourage à définir au sein de chaque institution le « qui fait quoi ? » mais aussi le « comment communique-t-on ? ». Plusieurs collèges représentant différentes spécialités chirurgicales l’ont co-signé : chirurgie infantile, chirurgie plastique et reconstructrice, chirurgie thoracique et cardio-vasculaire, chirurgie vasculaire, neurochirurgie, chirurgie orthopédique et reconstructrice, chirurgie urologique et chirurgie viscérale bien entendu.

Ce document, intitulé : « Coopération entre anesthésistes-réanimateurs et chirurgiens : mieux travailler en équipe » se trouve en ligne sur le site de l’HAS.

Ce texte constitue un véritable guide de bonnes pratiques organisationnelles pour l’ensemble des équipes. Une de ses préconisations fondamentales, est de définir avec précision le rôle de chacun et de l’établir dans une chartre ou par convention. Sa mise en application dans les équipes médico-chirurgicales doit contribuer à apporter la sérénité nécessaire pour travailler en confiance et en toute sécurité. L’objectif n’est pas d’établir des règles coercitives mais de donner au sein de chaque institution, quel que soit son statut, public ou libéral, la possibilité d’améliorer la qualité et la sécurité des soins en milieu chirurgical, de réduire la mortalité et la morbidité, et d’établir des relations apaisées entre les acteurs de soin, au bénéfice des patients qui leurs sont confiés.

La SFAR endosse et fait siens ses objectifs et souhaite apporter sa contribution à la diffusion de ce document avec au-delà l’idée de promouvoir une organisation moderne et paritaire de la médecine péri opératoire où chacun contribue avec son expertise propre.

[full] [half flow=”start”]Pr Claude Ecoffey
Président SFAR[/half] [half flow=”end”] Pr Francis Bonnet
Vice-Président SFAR[/half] [/full]