Mis en ligne le 01 Juin 2011
Archive : Communiqués
« La SFAR a été interpellée à diverses reprises soit par des membres, soit par des institutions, soit par des usagers, voire par les médias, au sujet de la pratique de l’hypnose par les anesthésistes-réanimateurs. C’est pourquoi il est apparu indispensable de clarifier les conditions de la pratique de l’hypnose en anesthésie. »
« L’hypnosédation » est une technique de sédation qui peut être utilisée en douleur aiguë et en anesthésie (bloc opératoire, urgences, soins douloureux…).
Il existe actuellement de nombreuses publications scientifiques de qualité, publiées dans des revues internationales en particulier par l’équipe du Pr. M.E. Faymonville à Liège, qui ont explicité les mécanismes et les conséquences de l’hypnosédation (1-4).
L’utilisation de l’hypnosédation dans le contexte de l’anesthésie est validée. Il s’agit d’une technique qui combine la technique d’hypnose à celle de la sédation intraveineuse et à l’anesthésie locale du site opératoire. A ce titre, elle peut remplacer favorablement l’anesthésie générale si la chirurgie le permet mais on aura toujours besoin d’une anesthésie locale du site opératoire (5). Elle peut également compléter une anesthésie locorégionale pour augmenter le confort des patients (diminution du stress, de l’anxiété et de la douleur, si cela s’avère nécessaire) (6).
La pratique de l’hypnosédation par des anesthésistes-réanimateurs ne permet son utilisation que dans le cadre de la pratique médicale de l’anesthésie.
La technique « d’hypnose » peut également être proposée comme « technique de relaxation et de confort » avant ou après une anesthésie générale, et ceci surtout chez les enfants (7). Elle peut aussi être proposée dans un cadre de prise en charge de la douleur chronique et des soins palliatifs si l’anesthésiste-réanimateur a été formé à cette approche.
L’anesthésiste-réanimateur doit veiller à n’utiliser l’outil d’hypnose que dans son champ de compétence et prendre en charge « avec l’hypnose », ce qu’il sait prendre en charge « sans hypnose ». Les formations à l’hypnose ne donnent pas un titre professionnel de « psychothérapeute » à ceux qui ne l’ont pas obtenu dans leur cursus de formations antérieures.
Références
1. Faymonville ME, Mambourg PH, Joris J, Vrijens B, Fisette J, Albert A, Lamy M. Psychological approaches during conscious sedation. Hypnosis versus stress reducing strategies. A prospective randomized study. Pain 1997, 73: 361-367
2. Faymonville ME, Laureys S, Degueldre C, DelFiore G, Luxen A, Franck G, Lamy M, Maquet P. Neural mechanisms of antinociceptive effects of hypnosis.Anesthesiology2000, 92: 1257-67
3. Faymonville ME,Boly M, Laureys S. Functional neuroanatomy of the hypnotic state. J Physiol Paris. 2006, 99:463-9
4. Vanhaudenhuyse A, Boly M, Balteau E, Schnakers C, Moonen G, Luxen A, Lamy M, Degueldre C, Brichant JF, Maquet P, Laureys S, Faymonville ME. Pain and non-pain processing during hypnosis : A thulium-YAG event-related fMRI study. Neuroimage 2009, 47:1047-1054
5. Defechereux T, Degauque C, Fumal I, Faymonville M.E, Joris J, Hamoir E, Meurisse M. L’hypnosédation, un nouveau mode d’anesthésie pour la chirurgie endocrinienne cervicale. Etude prospective randomisée. Ann Chir 2000, 125:539-546.
6. Schulz-Stübner S. Clinical hypnosis instead of drug-based sedation for procedures under regional anesthesia.Reg Anesth Pain Med. 2002, 27:622-3
7. Calipel S, Lucas-Polomeni MM, Wodey E, Ecoffey C. Premedication in children: hypnosis versus midazolam. Paediatr Anaesth.2005, 15:275-81
Documents additionnels:
- En 2004 déjà, le président de la SFAR d’alors, le Pr Jean MARTY, avait donné réponse à une interrogation de l’Ordre National des Médecins sur ce sujet. Le texte adressé au Docteur Michel DUCLOUX, Président de l’Ordre National des Médecins :
« Paris le 1er décembre 2005 / Monsieur le Président,
Dans votre courrier du 27 octobre 2004,vous m’avez interrogé sur la validité du recours à l’hypnose en anesthésie et son fondement scientifique… » (document relié)
- Plus récemment, la SFAR représentée par le Dr Laurent JOUFFROY avait participé à un débat que l’on peut retrouver suite à l’émission de France Musique consacrée à ce sujet diffusée le vendredi 30 octobre 2009.
Émission de débat Science Publique diffusée sur France Musique, sur le thème : ” Peut-on opérer sous hypnose ? “le vendredi 30 octobre 2009. Avec la participation de Madame le Professeur Marie-Élisabeth FAYMONVILLE,anesthésiste-réanimateur, du Docteur Laurent JOUFFROY, Vice-Président de la SFAR, anesthésiste-réanimateur, et du Docteur Jean-Marc BENHAIEM, médecin hypnothérapeute, praticien en centre de traitement de la douleur.