Si le Dr Laurent Jouffroy (1958-2020) avait vécu à la Renaissance, il aurait été considéré comme un grand humaniste expert dans de nombreux domaines, tant son intelligence, sa polyvalence créative et sa bienveillance renvoient aux artistes de la Renaissance qui cumulaient les fonctions de peintre, sculpteur, ingénieur, architecte, tout en honorant les valeurs humaines et en plaçant l’Homme au centre du monde.
Après avoir été interne en Anesthésie Réanimation à la faculté de Strasbourg, la liste des fonctions qu’il a occupées est impressionnante. On peut citer entre autres : vice-président puis président de la Société Française d’Anesthésie et de Réanimation, membre du Collège de l’Accréditation de l’Agence Nationale d’Accréditation et d’Evaluation en Santé, membre puis vice-président de la Commission de certification des établissements de santé de la Haute Autorité de Santé, rédacteur en chef adjoint des Annales françaises d’Anesthésie et de Réanimation, vice-président de l’Association Française de Chirurgie Ambulatoire, membre titulaire du Groupement Régional de Santé Publique de la région Alsace, membre titulaire du Comité Régional de l’Organisation Sanitaire d’Alsace, trésorier de l’Union Régionale des Médecins Libéraux d’Alsace, vice-président puis président de la Conférence Médicale de la Clinique des Diaconesses de Strasbourg, représentant de la France à l’International Association of Ambulatory Surgery… Il faudrait aussi parler de sa thèse sur la qualité, de ses très nombreux articles et nombreuses missions de restructuration/réorganisation qui lui ont été confiées sur des dossiers souvent délicats dans des établissements de tout statut, qu’il soit public, privé lucratif ou non. Sans oublier la qualité et la pédagogie dans les cours prodigués sur l’anesthésie, l’évaluation de la qualité des pratiques, la chirurgie ambulatoire, l’organisation…
Il a été pionnier dans de nombreux domaines : l’anesthésie sous hypnose, la chirurgie ambulatoire, le pilotage du premier projet médical français regroupant les 3 cliniques d’obédience catholique, protestante et juive (Strasbourg). Il a été l’un des premiers à comprendre, au travers ses travaux sur la chirurgie ambulatoire, que la qualité/sécurité des soins imposait d’articuler bonnes pratiques professionnelles et bonnes pratiques organisationnelles, une contrainte architecturale pouvant même être pour lui un levier important d’optimisation des organisations, le patient devant toujours être au centre de l’organisation et non plus le professionnel de santé. Ses recommandations sur la prise en charge anesthésique des patients en hospitalisation ambulatoire de 2009, autour d’une réflexion innovante sur une approche bénéfice-risque ont structuré bon nombre de recommandations d’autres sociétés savantes ou institutions nationales.
Mais, il a mis ce dynamisme, cette intelligence toujours percutante et en avance sur son temps, au bénéfice non de lui-même, mais au bénéfice des autres avec une bienveillance naturelle qui témoigne d’une vraie gentillesse. Souvent, ses patients témoignaient de sa chaleureuse disponibilité.
Un grand homme nous quitte trop tôt et son absence nous manque déjà.
La SFAR tenait à rendre un vibrant hommage à celui qui a été son Président et présente à son épouse, à ses enfants et à ses petits-enfants ses condoléances confraternelles, amicales et attristées.
Gilles BONTEMPS & Hervé BOUAZIZ