La Professeure Sophie Hamada nous a quittés le 16 août 2022 à 43 ans, tragiquement, brutalement.

La Professeure Sophie Hamada a débuté ses études de médecine à Montpellier, avant de faire son internat à Paris. Après un passage à l’hôpital Foch, elle a effectué son clinicat et ses deux premières années de praticien hospitalier à l’hôpital Beaujon. Les sept années suivantes, elle a travaillé dans la réanimation chirurgicale de l’hôpital Bicêtre, puis elle a rejoint l’Hôpital Européen Georges Pompidou en février 2020 où elle dirigeait les secteurs de la Salle de Surveillance Post-Interventionnelle, de l’Unité de Soins Continus et de la Réanimation Chirurgicale. C’est à l’HEGP qu’elle a été nommée Professeure des Universités-Praticien Hospitalier (PU-PH) en Anesthésie, Réanimation et Médecine Péri-Opératoire. Sophie Hamada était une experte internationalement reconnue en traumatologie et avait publié de nombreux articles sur le sujet. Elle était membre de la Société Française d’Anesthésie-Réanimation (SFAR) et de son comité Anesthésie-Réanimation pour Chirurgie Urgente, Urgences Vitales et Traumatologie Grave (ACUTE), Membre de l’European Society of Intensive Care Medicine (ESICM) et vice-présidente de son comité « Trauma and Emergency Medicine ».  Elle était co-fondatrice et présidente de l’observatoire de traumatologie français : la Traumabase®.

Sophie aurait sans doute détesté que son parcours professionnel soit ainsi présenté. Sophie était un esprit libre. Elle n’a jamais planifié d’être PU-PH. Elle s’est intéressée à la traumatologie car l’investissement sanitaire et la recherche dans ce domaine lui semblaient insuffisants au vu de l’impact sociétal et devaient être améliorés. Elle s’y est consacrée avec détermination, rigueur et passion. Elle s’est investie dans la clinique de jour comme de nuit, a visité tous les « trauma-centers » étrangers qui croisaient son chemin, a discuté mille heures avec d’autres experts. Elle s’est plongée dans la recherche, monocentrique, multicentrique puis en réseaux. En co-fondant la Traumabase®, elle a créé une base de données fiables nécessaire à ses travaux. Pour optimiser ses analyses, elle a passé le certificat d’études statistiques appliquées à la médecine (CESAM), apprivoisé le logiciel R au niveau « expert confirmé », obtenu un doctorat d’épidémiologie et santé publique. Elle a multiplié les partenariats au gré des questions à explorer, de l’observatoire national de la sécurité routière à l’École Polytechnique en passant par le CNRS. Elle a atteint son but, améliorant les connaissances et la prise en charge des traumatisés, fédérant des réseaux de recherche. Et puis, elle est devenue PU-PH, un peu par hasard, quand d’autres ont fait remarquer qu’elle en avait tous les prérequis et que ses talents serviraient davantage la communauté médico-scientifique si elle endossait ce statut.

Sophie avait à cœur de transmettre, avec humanité et humilité. La formation continue ou post-universitaire, le compagnonnage, la simulation, tout était bon pour enseigner la traumatologie. Elle a transmis sa passion à des dizaines d’internes et de jeunes seniors. Son énergie, sa générosité, sa bienveillance ont été une source de motivation pour ses collègues médicaux et paramédicaux. Sophie était charismatique et une des trop rares figures féminines de notre spécialité. Son investissement dans l’hôpital public, sa fidélité à ses valeurs, son esprit toujours positif, ses mille vies en ont fait un exemple inspirant pour les jeunes Anesthésistes-Réanimateurs.

La Professeure Sophie Hamada nous a quittés. C’est une immense perte. Il restera de cet être lumineux son héritage scientifique et le souvenir de son accent chantant d’Occitanie, de son rire si caractéristique, de son enthousiasme et de sa joie de vivre.

Anne Godier, Nathalie Delhaye, Tobias Gauss, Jacques Duranteau, Bernard Cholley.