Mis en ligne le 21 Octobre 2014 et modifié le 22 Octobre 2014
Archive : Éditoriaux

Le premier cas d’infection à virus Ebola en France, et si c’était demain ?

La SFAR vous aide en mettant à votre disposition les informations et les documents nécessaires, de la suspicion d’un nouveau cas à la prise en charge au bloc opératoire.

I. Généralités

Une épidémie de fièvre hémorragique à virus Ebola a débuté en Guinée en décembre 2013 et a été officiellement notifiée à la WHO le 23 mars 2014. Depuis cette date, à milieu octobre 2014, plus de 8000 cas suspects, probables ou confirmés ont été déclarés et plus de 3800 morts ont été rapportés dans 4 pays : Guinée, Sierra Leone, Liberia et Nigeria. Les professionnels de santé, dont les anesthésistes-réanimateurs sont à risque d’exposition. Cela a été le cas dans les pays concernés pour de 400 d’entre eux dont plus de 230 sont morts. A ce jour, au moins 14 cas importés et une infection acquise à l’Hôpital ont été rapportés. Pour les professionnels de santé, ont été concernés à divers niveaux de gravité deux cas en Espagne, un cas au Royaume Unis, un cas à Paris, deux cas à Frankfort, un cas à Oslo et quatre cas aux Etats-Unis. Bien d’autres cas sont en cours d’investigations dans de nombreux autres pays. Tout récemment une aide-soignante en charge d’un patient atteint de fièvre Ebola a contracté la maladie.

En France, comme dans beaucoup d’autres pays des mesures de contrôle de la maladie sont mises en place et les patients présentant des cas suspectés, probables ou confirmés doivent être dirigés vers des centres de référence équipés soit de chambres isolées en pression atmosphérique négative ou dans des unités de regroupement pour des patients dans le contexte d’une maladie importée.
Dû au nombre croissant de personnels humanitaires et de professionnels de santé se déplaçant à partir de pays à risque, la probabilité de nouveaux cas de contamination est plus haute que jamais. Certes, il est conseillé que les personnes concernées, sur la base du volontariat, contrôlent leur température pendant 21 jours à domicile comme mesure de quarantaine. L’expérience montre que ces recommandations ne sont pas toujours respectées.
La figure montre, à partir d’un modèle mathématique, la probabilité de recevoir un passager aérien contaminé par le virus Ebola. La France est placée dans les pays à haut risque. Le modèle est dépendant de multiples variables non contrôlables et peut être sujet à discussion mais néanmoins, l’importation de cas a été démontrée au Nigeria, au Sénégal et plus récemment aux USA. Des mesures de dépistage ont été mises en place en France dans les aéroports concernés mais elles n’auront pas une efficacité totale.
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Au total, il y a un besoin extrêmement urgent que les mesures suivantes soient mises en place (si elles ne le sont pas déjà) et strictement appliquées dans les Hôpitaux en France :
– Renforcer la traçabilité et la formation des humanitaires ou des professionnels de santé qui portent assistance aux pays concernés par l’épidémie.
– Renforcer la traçabilité des patients potentiellement contaminés se présentant dans les Hôpitaux en France, en particulier dans les services d’accueil des urgences.
– Former au mieux les professionnels de santé en charge des patients présentant un risque d’importation du virus.
– Valider toutes les étapes de la prise en charge d’un patient par une procédure écrite dans l’établissement de soins. Ceci inclut la manipulation et la validation des tests diagnostics de laboratoire.
– Etablir un contact avec le centre de référence le plus proche pour la prise en charge d’un patient suspect d’être contaminé.Pr Philippe Brouqui, PUPH Maladies Infectieuses, IHU Infection MéditerranéePr Claude Martin, PUPH Anesthésie-Réanimation, AP Marseille, Hopital Nord

II. Quels sont les centres de référence en France ?

image 2 bisd’après Lemonde.fr

III. L’abord d’un patient suspect de maladie à virus Ebola

Les recommandations ont fait l’objet d’une fiche (présentée ci-dessous) accessible en cliquant ici.
Pour plus de détails consulter le lien suivant (MARS).Mise au point de l’ECDC
Questionnaire Sujet Contact
Questionnaire Contact professionnels de santé
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IV. Quel équipement de protection individuel ?

Le CHU de Bordeaux propose un diaporama illustrant les spécificités de la protection dans le contexte.
Télécharger le diaporama

V. Que faire en cas de nécessité d’intervention chirurgicale ?

Nous vous proposons les recommandations in extenso de l’american college of surgeons, sans traduction (pour des raisons de validation de la procédure)

Surgical Protocol for Possible or Confirmed Ebola Cases

Online October 7, 2014 | Sherry M. Wren MD, FACS, FCS (ECSA) and Adam L. Kushner MD, MPH, FACS – American college of Surgeons

Ebola is an infectious disease caused by a filovirus (Ebola virus), whose normal host species is unknown. Infection can be potentially fatal and operating room personnel (nurses, surgeons, technicians, and anesthesia staff) all need to be aware of patients with possible or confirmed Ebola infection.
Elective surgical procedures should not be performed in cases of suspected or confirmed Ebola. In cases where an emergency operation must be performed this protocol should be implemented to minimize risk to hospital personnel. The choice of operative approach (open or MIS) should take into consideration minimizing potential hazards to all members of the OR team.
Although protocols for Personal Protective Equipment (PPE) are in place to protect health care workers, there is no guideline for operating room personnel and surgical providers who might need to perform an operation on a patient with confirmed or suspected Ebola infection, therefore we have adapted relevant Centers for Disease Control Recommendations and apply them specifically to the OR environment.

Protocol

1. Patient Transport and Transfer to OR
All healthcare providers should wear the following PPE to transport and transfer a patient to the OR with confirmed or suspected Ebola infection.
·       Gloves
·       Level 3 Association for the Advancement of Medical Instrumentation (AAMI) fluid resistant gown
·       eye protection (goggles or face shield)
·       Facemask

2. Surgical Checklist
Suspected or confirmed Ebola status should be discussed in the pre and post operative briefing as an integral part of the Safe Surgery Checklist so all personnel are aware of potential risks of exposure.

3. OR Staff Personal Protection Equipment
Due to the significant risk of exposure to blood or bodily fluids all OR room personnel should wear:
Personal Protective Gear
·       AAMI Level 4* Impervious Surgical Gowns
·       Leg coverings that have full plastic film coating over the fabric not just over the foot area.
·       Full face shield
·       Mask
·       Double gloves
·       Surgical hood

4. Surgical Drapes
AAMI Level 4* drapes should be used.
*Level 4 AAMI rated gowns, drapes, and protective apparel demonstrate theability to resist liquid and viral penetration in a laboratory test, ASTM F1671 (Standard test method for resistance of materials used in protective clothing to penetration by blood-borne pathogens using Phi-X174 bacteriophage penetration as a test system).

5. Instrumentation and Sharps
·       Keep sharps to a minimum
·       Use instruments, rather than fingers, to grasp needles, retract tissue, and load/unload needles and scalpels
·       Give a verbal announcement when passing sharps
·       Avoid hand-to-hand passage of sharp instruments by using a basin or neutral zone that has been agreed upon at the case start
·       Use alternative cutting methods such as blunt electrocautery
·       Substitute endoscopic surgery for open surgery when possible
·       Use round-tipped scalpel blades instead of pointed sharp-tipped blades
·       Use elctrocautery preferentially to scalpel for incisions
·       No needles or sharps on the Mayo stand
·       No recapping of needles
·       Use blunt tip suture needles when possible
·       Continue “sharps safety” techniques during OR table clean up post procedure

6. OR Staff Exposure (adapted from CDC guidelines)
Persons with percutaneous or mucocutaneous exposures to blood, body fluids, secretions, or excretions from a patient with suspected or confirmed Ebola should:
·       Stop working and immediately wash the affected skin surfaces with soap and water.
·       Mucous membranes (e.g., conjunctiva) should be irrigated with copious amounts of water or eyewash solution
·       Immediately contact Infectious Disease consultant in your hospital for post exposure evaluation.

Guideline Creation Version 1 October 6, 2014
Updates will be made if and when new data are available.

Liens et sites utiles