Mis en ligne le 17 Décembre 2002
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Communiqué du président de la SFAR – 23 juin 2002.

Les déclarations des média sur l’euthanasie nous paraissent souvent provocatrices et troublent les médecins anesthésistes-réanimateurs et les citoyens usagers du système de santé. Sans nuances, elles jettent la suspicion sur les relations de confiance établies avec le patient et la famille lors de la consultation pré-anesthésique lorsqu’une intervention chirurgicale lourde est programmée et nécessite un séjour en réanimation, ou durant l’hospitalisation lorsque l’évolution est émaillée de complications aiguës sévères imprévues. La mort est devenue plus fréquente à l’hôpital qu’à domicile et en son sein plus fréquente dans les unités de réanimation que dans les unités conventionnelles. Ces faits sont la rançon du haut niveau de prise en charge de patients médicaux, chirurgicaux ou traumatisés dont l’atteinte aiguë actuelle est majeure alors que leur état basal était médiocre ou précaire. La situation est alors encore plus incomprise et douloureuse lorsque rien ne la laissait présager en urgence ou en raison d’un bon état médical initial. Il n’est pas niable que nombre de patients traités en réanimation sont à un moment donné de leur évolution dans une situation telle que la poursuite des traitements pourrait s’apparenter à ce qu’il est convenu d’appeler de l’acharnement thérapeutique. Si le médecin doit éviter cet acharnement comme l’indique l’article 37 du code de déontologie, il ne va pas pour autant envisager un acte d’euthanasie. Le médecin, quelles que soient ses propres réflexions éthiques, philosophiques ou religieuses, suit en cela l’article 38 du code de déontologie, l’article 221-1 du code pénal, la recommandation européenne du 26 juin 1999 et l’article 2 de la Convention Européenne des Droits de l’Homme. Mais il y a un fossé entre d’une part mettre intentionnellement fin à la vie d’un malade incurable et d’un mourant et d’autre part limiter les traitements devenus vains. La Société Française d’Anesthésie et de Réanimation (SFAR), préoccupée en particulier par les problèmes d’information des familles et de leurs proches en fin de vie et par les traitements devenus vains en réanimation, a confié à son comité réanimation et à son groupe de réflexion éthique comportant, entre autres personnalités deux anciens présidents de la SFAR et un Membre du Conseil Consultatif National d’Ethique, une mission d’aide à la décision médicale. Ces documents sont à la disposition des professionnels membres de la SFAR (Informations aux patients de réanimation et à leurs proches. Ann Fr Anesth Reanim 2001;20:fi 118-39 et Traitements devenus vains en réanimation : points d’ancrage. Ann Fr Anesth Réanim 2001;20:823-5).

Cette limitation des traitements ne s’apparente en aucun cas à un acte d’euthanasie.

Le Président de la SFAR Professeur Michel Pinaud