Chèr(e)s collègues,

Vous trouverez ci-dessous une version actualisée (V3.1) des Recommandations de Pratiques Professionnelles : « Préconisations pour l’adaptation de l’offre de soins en anesthésie-réanimation dans le contexte de pandémie de COVID-19 » (version Avril 2022) établies par la Société Française d’Anesthésie et de Réanimation.

L’évolution de la pandémie en France, les avancées scientifiques autour de la COVID-19 et le report des interventions programmées lors des récentes vagues épidémiques et non encore rattrapées nous ont conduit à modifier certaines recommandations et à en proposer de nouvelles.

A ce jour la situation en France est très hétérogène selon les régions. Ainsi, proposer un ensemble de préconisations unique pour l’ensemble du territoire reste impossible. Cette 5e mise à jour constitue un corpus de préconisations devant être appliquées dans leur ensemble dans les zones significativement touchées par la COVID-19, tandis que dans d’autres moins touchées un retour vers des pratiques plus habituelles pourra être envisagé après validation pluridisciplinaire (anesthésistes-réanimateurs, chirurgiens, médecins interventionnels, équipes opérationnelles d’hygiène, direction, etc.) au niveau de chaque structure. Pour en faciliter la lecture, les modifications significatives du fond contenues dans cette nouvelle version des recommandations ont volontairement été écrites en bleu.

Les principales évolutions de cette nouvelle version sont les suivants :

– Champ 1 : Protection des personnels et des patients : les règles de protection du personnel, actualisées en collaboration avec la Société Française d’Hygiène Hospitalière (SF2H), doivent continuer à être appliquées sur l’ensemble du territoire à ce jour.  Il est rappelé la nécessité de maintenir la distanciation physique avec une distance d’au moins 2 mètres, particulièrement importante avec les variants Omicron plus transmissibles, et de continuer à être très vigilant sur le port du masque et l’hygiène des mains par tous les soignants et patients. Lors de la gestion des voies aériennes et des procédures à risque d’aérosolisation, le port d’un masque FFP2 et d’une protection oculaire reste plus que jamais préconisé.

– Champ 2 : Bénéfice/risque et information au patient : les données disponibles dans la littérature, issues majoritairement de la première vague épidémique, ont démontré qu’une infection à SARS-CoV-2 datant de moins de 7 semaines était associée à une augmentation de la mortalité et des complications postopératoires. Les infections à SARS-CoV-2 étant plus fréquemment asymptomatiques ou pauci-symptomatiques chez les sujets immunocompétents à jour de leur schéma vaccinal complet et avec les variants Omicron de SARS-CoV-2, les experts proposent une réduction du délai de report d’une chirurgie programmée non majeure de 6 semaines révolues à 4 semaines révolues (i.e. reprogrammation à partir de la 5e semaine) chez les patients réunissant toutes ces conditions, tandis que par précaution un report de 6 semaines complètes reste préconisé chez les autres. Des études sont en cours pour déterminer si ce délai pourrait être encore réduit, en sécurité pour les patients.

Champ 3 : Évaluation préopératoire et décision vis-à-vis de l’intervention : le recueil de l’antécédent d’infection à SARS-CoV-2 est important en le datant le plus précisément possible et notant le caractère symptomatique ou non de l’infection. L’objectif est de déterminer si le délai entre la COVID-19 et la chirurgie garantit au patient une absence de sur-risque de morbi-mortalité et d’aider à l’interprétation de symptômes compatibles avec une COVID-19 si le patient en présente. Il est préconisé de poursuivre la réalisation de test de dépistage préopératoire de l’infection à SARS-CoV-2 par RT-PCR SARS-CoV-2 à partir d’un écouvillon naso-pharyngé tant qu’il n’aura pas été démontré qu’une chirurgie pourra être réalisée sans sur-risque de morbi-mortalité chez un patient asymptomatique infecté à SARS-CoV-2, qui permettrait alors de se passer de test chez un patient sans symptôme. A ce jour, cette stratégie est prématurée et n’est appuyée par aucune donnée scientifique.

– Champ 4 : Modalités de la consultation de pré-anesthésie : la téléconsultation doit utiliser un outil de visioconférence garantissant la sécurité des données du patient.

– Champ 6 : Circuits identifiés : l’orientation d’un patient dans un circuit COVID+ identifié, pas nécessairement dédié exclusivement aux patients COVID+ si l’incidence est basse dans une région, repose sur le risque post-opératoire et le risque contagieux du patient pour le personnel ou les autres patients. Les éléments de réflexion pour un patient qui aurait un test de dépistage préopératoire positif sont : le caractère symptomatique ou non de l’infection à SARS-CoV-2, la date du premier diagnostic, la persistance ou non de symptômes le jour de la prise en charge au bloc opératoire, le type de chirurgie à réaliser (chirurgie majeure ou non, à risque d’aérosolisation ou non), et la valeur de Ct sur le test PCR positif (i.e. le nombre de cycles de PCR avant que le résultat soit positif).

– Champ 7 : Gestion de l’activité en période de tension des plateaux interventionnels : une version actualisée au 01/03/22 des liens vers les recommandations des sociétés savantes de chirurgie sur la priorisation des interventions par type de chirurgie vous est proposée.

En vous souhaitant bonne lecture et en espérant que ces préconisations réactualisées vous permettront d’optimiser les prises en charge de vos patients.

Bien confraternellement,

Pr. Pierre ALBALADEJO – Président de la SFAR

Les membres du Comité des Référentiels Cliniques de la SFAR