Mis en ligne le 9 Septembre 2016
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Claudine Lassner, cadre administratif historique de la Sfar est décédée à Paris le 11 juillet 2016. Avant dernière d’une fratrie de quatre enfants, sa vie s’est trouvée influencée par une histoire familiale merveilleuse et tragique dans le contexte et les suites du second conflit mondial. Les anesthésistes ne peuvent ignorer le nom de son père, le Professeur Jean Lassner (1913 – 2007) et son parcours depuis l’Autriche qu’il quitte en 1938 pour s’engager dans l’armée Française, puis rejoindre après un long périple, les Forces Navales de la France Libre à Saint Pierre et Miquelon en 1942 où il devient le deuxième médecin des Forces françaises libres à s’occuper d’anesthésie.

Après une période algérienne, il revient en France en 1944 et devient un des pionniers de l’anesthésie française dès 1948 tant sur le plan pratique que sur le plan académique. Claudine Lassner nait en 1948 de l’union, en 1942 de Jean Lassner avec la plus jeune avocate de France, fille du cinéaste Henri Diamant-Berger, Colette Diamant-Berger (1917 – 1999) elle-même engagée dans la France Libre. Alors que ses deux sœurs vont faire carrière dans le Droit et son frère dans les Mathématiques, Claudine s’engage dans une toute autre voie puisque, cavalière émérite, elle devient professeur d’équitation. Elle va toutefois suivre l’ombre de son père dans la gestation et la structuration académique de l’anesthésie française. Elle entre au comité éditorial des Cahiers d’Anesthésiologie fondés par Jean Lassner en 1953 et dont il sera Rédacteur en Chef jusqu’en 1970.

La gestation de l’anesthésie académique française est au début chaotique car il faut s’affranchir de la tutelle chirurgicale et gérer la discorde et la scission au sein de la Société Française d’Anesthésie, d’Analgésie et de réanimation (SFAAR) avant les retrouvailles de 1981 au sein de la Société Française d’Anesthésie et de Réanimation (Sfar). Après des réunions confidentielles au siège de la société rue Saint Maur (Paris Xème), la Sfar ne va que croître et embellir après l’acquisition du nouveau siège social rue Raynouard en 1985. Claudine entrée à la Sfar en 1982 va vivre le déménagement et « tenir la boutique » dont la fréquentation par ses membres était épisodique au départ. Elle est là pour accueillir et gérer les membres et répondre au téléphone avant l’ère du numérique et des nouvelles technologies. Elle conserve et classe les dossiers et répond aux demandes des Présidents successifs ou des groupes de travail, amalgames de parisiens, de provinciaux, d’hospitaliers, d’hospitalo-universitaires ou de libéraux. Elle a la capacité de retrouver au pied levé le document idoine que réclame instamment le Président. Elle prépare l’accueil et le couvert des groupes de travail, les dossiers du Président et des réunions du Conseil d’Administration. Tous les deux ans elle s’adapte à un nouveau Président qui n’est jamais un inconnu pour elle. Il y a alors plus ou moins de « connivence » entre le Président et Claudine Lassner mais ceci est une histoire classique de relations humaines.

Des légendes se sont forgées sur les hommes et les femmes de la Sfar mais la mémoire de Claudine s’en est allée et, avec elle, les anecdotes qu’elle aurait pu confier à certains Présidents ou membres du Conseil d’Administration. Elle a géré la bibliothèque de la Sfar et ses publications, en particulier celle des Annales Françaises d’Anesthésie et de Réanimation, en bonne entente avec Claudine Colin, secrétaire de Rédaction de la revue. Elle a décrit et illustré la Sfar d’hier à aujourd’hui dans une étude présentée lors du 44ème Congrès National de la Sfar en septembre 2002 et a collaboré au Club de l’Histoire de l’Anesthésie et de la Réanimation tant son histoire familiale l’y prédisposait. Elle a permis la publication de l’ouvrage « Regards sur l’anesthésie d’hier. Ernest Kern, Jean Lassner et Guy Vourc’h » aux éditions Glyphe et Biotem, livre qui contient des témoignages passionnants sur le passé de notre spécialité. Baignée par l’histoire de la 2ème guerre mondiale, Claudine Lassner s’est attachée à travers son oncle Jean-Claude Diamant-Berger, poète mort au champ d’honneur en 1944 en mission aux bords de l’Orne à l’âge de 24 ans, à conter et valoriser la mémoire des Cadets de la France Libre. Une rencontre avec Stéphanie Caron, spécialiste du mouvement surréaliste et Chercheur associé au Centre de Recherches sur le Surréalisme, a débouché sur la publication d’un volume « Poète oublié, ami méconnu » aux éditions Glyphe et Biotem. Claudine Lassner a apporté sa contribution à la Société Historique et Archéologique du Périgord par le biais du château de Paluel, propriété de famille à Saint Vincent le Paluel en Dordogne.

Claudine Lassner quitte la Sfar en 2010. Femme de fort caractère et attachante, femme qui ne s’en laissait pas conter, Claudine Lassner repose depuis juillet 2016 au cimetière de Passy à proximité de la Sfar.