Groupe Espace

La naissance du groupe SFAR Espace en 2024 s’inscrit dans une volonté d’ouvrir notre spécialité aux environnements extrêmes, qui poussent la physiologie et l’adaptation humaine dans ses retranchements.

Pour un astronaute, vivre dans une station orbitale s’apparente à une expérience de vieillissement accéléré et d’alitement prolongé en milieu isolé, confiné et radiatif. Admirer la Terre à 400 km d’altitude en impesanteur se paie au prix fort : déconditionnement cardio-vasculaire, hypovolémie relative, ostéopénie, fonte musculaire, dénutrition ; insulino-résistance et perturbation des rythmes circadiens sont quelques-unes des nombreuses conséquences du vol spatial. Les astronautes sont également exposés à de nombreux risques opérationnels, mêlant poly-traumatismes en lien avec les hautes célérités, accidents de décompression en sortie extra-véhiculaire, barotraumatismes, détresses respiratoires sur contaminations d’habitacle, brûlures ou inhalations. Le risque de fractures est élevé, notamment lors des futures phases de construction de base lunaire. Si l’impesanteur supprime la masse gravitaire, elle ne supprime pas la masse inertielle : les chocs avec l’environnement restent générateurs de traumatismes.

Revenir sur Terre est également un défi : ces phases dites de transition gravitaire (réexposition à une pesanteur planétaire après 6 à 8 mois d’impesanteur) peuvent s’apparenter à une épreuve d’effort qu’on demanderai à nos patients ASA 3 en per-opératoire, avec une brusque remise en charge de systèmes cardiovasculaires, osseux, musculaires désadaptés. Bien sûr, les programmateurs de missions et les médecins des astronautes ne restent pas les bras croisés : ils connaissent et expérimentent de nombreuses contre-mesures (physiologiques, nutritionnelles, pharmacologiques) pour limiter les effets délétères du milieu sur le corps humain. Cette science pourrait être une source d’échange avec notre spécialité, pour l’optimisation des parcours péri-opératoire par exemple.

Enfin, à l’aube du programme Artémis, qui vise à occuper la Lune de façon pérenne, en attendant une hypothétique exploration martienne, se posent d’innombrables questions sur l’autonomie médicale en milieu isolé. L’isolement ne sera plus que géographique, mais également temporel en lien avec les grandes distances astronomiques : comptez par exemple jusqu’à 20 minutes de latence radio pour une question depuis Mars vers la Terre, ce qui prohibe l’assistance en temps réel avec un centre expert. Sur ces questions, notre spécialité peut devenir force de proposition de maturations technologiques, d’innovations high-tech (robotique, intelligence artificielle) mais également low-tech robustes (facteur humain, ergonomie).

La France est une nation spatiale, avec une longue histoire en médecine et physiologie spatiale grâce au CNES (Centre National d’Etudes Spatiales). Ce dernier permet à plus de quarante centres de recherche de bénéficier de plateformes technologiques, comme la Clinique Spatiale de Toulouse (MÈDES), les vols paraboliques (Novespace) ou encore la Station Spatiale Internationale. Tous les champs de recherche, qu’ils soient fondamentaux (la suppression du vecteur gravitaire permet de comprendre de nombreuses boucles et interdépendances physiopathologiques) ou appliqués (qualification de matériel et de procédures médicales pour les astronautes) peuvent intéresser notre spécialité.

Ad Astra !

Dr Séamus THIERRY pour le groupe SFAR Espace

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